Chabot

Hommage à une femme exceptionnelle

Les 99 ans de Mère Marie-Emmanuel lui confèrent certains privilèges comme celui de me recevoir pour partager un repas avec elle, malgré

le silence de rigueur en cette période de retraite des religieuses. Confortablement installées dans une des salles de l’aile Ste-Famille dont l’architecture et l’ambiance rappellent l’époque de Marie de l’Incarnation, nous parlons d’histoire, de généalogie et d’actualité. En l’écoutant commenter d’une façon si judicieuse l’actualité culturelle et politique qu’elle suit encore avec un vif intérêt, je me sens envahie par le sentiment de vivre en ces lieux un moment unique au contact de cette femme exceptionnelle. 

Mère Marie-Emmanuel (Daisy Chabot) est née le 19 novembre 1908 à Ste-Claire de Dorchester. Elle est l’aînée des sept enfants du Dr J. A. Noé Chabot et de son épouse Annie Lagueux. Elle vit une enfance heureuse dans un milieu familial fertile en événements de toutes sortes en raison de la profession de son père qui était médecin de campagne et desservait plusieurs villages et paroisses des comtés de Dorchester et de Bellechasse. Ses souvenirs d’enfance, intitulés « Que j’éveille l’aurore », évoquent avec bonheur les personnages et les faits qui ont marqué cette période de sa vie.  

Passionnée pour les études, curieuse de tout, elle est une élève brillante. D’abord pensionnaire au Couvent Jésus-Marie de Lauzon, dont elle conserve un excellent souvenir, elle étudie ensuite au Collège Jésus-Marie de Sillery. Puis, elle termine ses deux dernières années du

cours classique en Ontario, au Collège Brescia Hall des Ursulines de London, affilié à l’Université Western. En 1930, diplôme en main, elle revient au Québec et décide de prendre une année sabbatique avec sa famille, à Ste-Claire, pour aider sa mère à la maison et accompagner son père dans ses visites aux malades. En 1931, elle fait son entrée comme postulante au Monastère des Ursulines, rue du Parloir, à Québec. 

Mère Marie-Emmanuel a occupé diverses fonctions au Couvent des Ursulines de Québec et à l’école Normale Laval de Mérici ainsi qu’à Roberval et à Stanstead. Au Vieux-Monastère, elle a été Supérieure, directrice des études et enseignante. Elle a enseigné le latin, mais les anciennes se souviennent surtout d’elle pour ses cours de français et de littérature et les pièces

de théâtre qu’elle composait et jouait avec les élèves. Parallèlement à toutes ces activités, elle a poursuivi des études qui l’ont menée à l’obtention d’un doctorat en lettres de l’Université d’Ottawa et d’un doctorat en philosophie de l’Université Laval. 

Elle relate cette période de sa vie dans ses souvenirs intitulés « Du lever au coucher du soleil » qui comportent plusieurs récits et anecdotes racontés avec humour, pittoresque et un grand respect des êtres et des choses. Décrivant l’importance que le théâtre prend dans sa vie, elle écrit : « Quelle joie d’oublier sa propre identité pour entrer dans la peau de n’importe lequel personnage ! Phénomène semblable à la réincarnation. ». De même, elle nous livre en ces

mots son âme de poète et son amour de la vie : « La petite fille qui m’habite se promène en bas courts et en sandales. Elle a les pardons et l’émerveillement si faciles que les grandes personnes s’en étonnent. Je la prends par la main et la laisse murmurer : « Regarde, écoute, chante, parce que tout est beau, flambant neuf comme au paradis terrestre. ».  

L’enseignement de Mère Marie-Emmanuel a laissé son empreinte dans nos vies et d’heureux souvenirs à partager. Avec patience et bonne humeur, elle nous a la communauté des ursulines 22 le grand parloir appris à mieux connaître les auteurs, à aimer la lecture et ‘écriture, et à nous exprimer avec clarté et simplicité. Je me souviens des comptes rendus de lectures que nous faisions devant la classe, de ses encouragements à nous surpasser et de notre joie lorsque nous parvenions à communiquer à nos compagnes les péripéties et les émotions que ces pages nous avaient fait vivre. Je me souviens de son sourire chaleureux qui favorisait

la confiance et de ses délicates attentions pour chacune d’entre nous. Nous nous sentions comprises et aimées par cette femme généreuse qui avait les pardons et l’émerveillement faciles comme la petite fille de son enfance.  

En 1989, Mère Marie-Emmanuel Chabot a été nommée officier de l’Ordre du Canada. Cette distinction lui a été décernée en raison de l’immense influence qu’elle a eue sur l’éducation de milliers de jeunes filles au Québec et du rôle très actif qu’elle continue de jouer dans sa communauté bien qu’elle ait dépassé l’âge de la retraite. Il est à souligner que l’Ordre du Canada est la plus haute récompense du régime canadien de distinctions honorifiques. Il couronne l’oeuvre d’une vie et reconnaît la contribution exceptionnelle de cette personne. 

Outre son influence marquante en éducation, Mère Marie-Emmanuel a contribué par ses écrits à faire connaître l’histoire et l’oeuvre des Ursulines du Québec et la vie de leur fondatrice, la Bienheureuse Marie de l’Incarnation.  

Une petite anecdote illustre bien son accueil légendaire et son souci constant de mettre en valeur notre histoire et notre patrimoine. Alors que je feuilletais de vieux exemplaires du magazine Sélection, j’ai mis la main sur celui d’avril 1989 dont un des articles avait pour titre

« Coup de foudre pour Québec ». En le lisant, quelle ne fut pas ma surprise de constater que les auteurs y soulignaient avec satisfaction leur visite du Couvent des Ursulines en compagnie de Soeur Marie-Emmanuel Chabot qui leur servit de guide et leur raconta, avec force détails, les événements vécus à Québec, en 1759, avant la bataille des Plaines d’Abraham. 

Femme d’exception, elle a été. Femme d’exception, elle demeure. à 99 ans, toujours active, elle accueille avec émerveillement chaque nouvelle journée que la vie lui offre.

Raymonde Beaudoin (Philo II 1965)

 

Hommage à madame Solange Lavoie, écrit par son fils.

Maman,

Dans le jardin de nos vies, tu as été la lumière du soleil, nourrissant chaque fleur avec amour, patience, et une dévotion sans faille. Ta force, celle d’une femme qui a élevé cinq enfants, résonne dans chacun de nous comme un écho de ton amour inconditionnel.

Tu nous as enseigné la valeur du travail acharné, l’importance de la gentillesse et le pouvoir de l’écoute. Chaque leçon, chaque sourire, chaque sacrifice n’était que l’expression de ton amour infini pour nous. Tu as transformé les défis en aventures, les peines en leçons, et tu as toujours su trouver la joie dans les moments les plus simples.

Aujourd’hui, alors que tu as pris ton envol vers un nouveau jardin, nous ressentons un vide immense, un silence là où résonnaient tes rires et tes conseils sages. Pourtant, dans ce silence, nous trouvons aussi ta présence, car tu nous as laissé un héritage de force, de courage et d’amour qui continuera à guider nos pas. Ta vie a été une bénédiction, ton souvenir un trésor. Tu vis à travers nous, dans nos cœurs, nos pensées, et dans les visages de tes petits-enfants qui portent une part de ton esprit et de ta grâce.

Nous te promettons de perpétuer ton amour, de le partager avec le monde comme tu l’as fait si généreusement. Tu nous as appris que l’amour ne meurt jamais, qu’il se transforme et continue de grandir, traversant les générations.

Maman, tu étais notre ange gardien sur terre, et maintenant, tu es notre étoile dans le ciel. Nous te remercions pour tout l’amour que tu nous as donné, pour chaque moment passé à nos côtés, pour chaque sacrifice que tu as fait dans l’ombre pour éclairer notre chemin.

Avec tout notre amour, nous te disons au revoir, mais jamais adieu. Car dans nos cœurs, tu resteras pour toujours. Repose en paix, notre chère maman. Tu manqueras profondément, mais ton esprit et ton amour vivront éternellement en nous.

Christian Chabot